• seconde guerre sino-japonaise.

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    Vous-êtes vous déjà demandé pourquoi certains parlaient du Japon comme du "Nazi de l'Asie" ?

     

     

     

    Un peu avant le début de la Seconde guerre mondiale, en 1931, a eu lieu l'incident menant à la seconde guerre sino-japonaise.

     

    Les Japonais, souhaitant occuper la Chine pour sa terre fructueuse et riche, installent en Mandchourie une voie de chemin de fer, censée transporter des vivres.

     

    C'est lors de l'incident de Mukden que la violence a commencé à se réinstaller entre les deux pays, déjà en tension : Une voie de chemin de fer appartenant aux Japonais explose. Les militaires japonais accusent les civils chinois de sabotage, et si l'accident semble mis en scène - comme beaucoup d'autres incidents à l'époque -, il est le prétexte de l'invasion immédiate de la Chine par les troupes japonaises.

     

    La Mandchourie est annexée, renommée  Mandchoukouo, et le Japon place un dirigeant de paille pour gérer le nouvel état. L'expansionnisme japonais se satisfait, pour l'heure, de cette annexion.

     

    En 1937, après un second incident douteux, l'empereur du Japon Hirohito donne son accord pour envahir le reste du territoire chinois, et la seconde guerre sino-japonaise commence. La guerre stagne quelques mois, jusqu'à ce que l'Empereur ordonne à l'armée de prendre la ville de Nankin, à l'époque capitale de la République de Chine.

     

    Si, comme durant toutes les guerres, les Japonais ont pillé, violé et massacré, l'histoire de la ville de Nankin, qui a mis un terme à la guerre et dégoûté les Japonais de la violence de leur propre armée, est particulièrement horrifiante.

     

    Si l'armée chinoise prétend au début qu'aucune reddition ne sera envisagée et que la défense de la capitale sera leur souci principal, elle se rend très vite compte que cette ville n'a qu'un rôle symbolique, en tant que capitale, et l'armée abandonnera très vite ses civils aux Japonais de l'époque, devenus des monstres après les années de guerre et de propagande décrivant les autres habitants de l'Asie comme du "bétail" (家畜).

     

    Nous conseillons vivement aux personnes sensibles de ne pas poursuivre la lecture de cet article, car les faits qui y sont relatés peuvent choquer, et induire des crises de panique. Cet avertissement est à prendre au sérieux.

     

    1. Les viols

     

     
    les femmes massacrées à nankin empilées sur les marches

    Source photo : bataillescelebres

     

    L'estimation du tribunal militaire international de l'extrême orient porte les victimes au nombre de 20 000 femmes, y compris petites filles, personnes âgées, et femmes enceintes. Les viols y étaient si systématiques que l'autre nom du Massacre de Nankin est le Viol de Nankin.

     

    Les femmes étaient sorties de force des maisons et violées collectivement. Souvent victimes de mutilation et de barbarie (objets introduits de force dans le vagin, membres arrachés...), elles étaient finalement tuées à la baïonnette, ou poignardées.

     

    La ville de Nankin abritait beaucoup d'étrangers, dont la plupart ont réussi à communiquer les atrocités commises à Nankin, via des lettres ou des journaux. Le révérend James McCallum écrit ainsi : 

     

    Je ne sais pas quand cela se terminera. Jamais je n'ai entendu ou lu autant de brutalité. Viol ! Viol ! Viol ! Nous estimons au moins 1 000 cas par nuit et beaucoup de jour. En cas de résistance ou tout ce qui ressemble à une réprobation, il y a un coup de baïonnette ou une balle... Les gens sont hystériques... Les femmes sont emportées chaque matin, après-midi et soir. Toute l'armée japonaise semble libre d'aller et venir comme elle veut et de faire ce qui lui plaît.

    Source citation : Hua-ling Hu, American Goddess at the Rape of Nanking: The Courage of Minnie Vautrin, 2000, p. 97

     

    De même, le chirurgien Robert O. Wilson écrit à sa famille en 1937 :

     

    Le massacre de civils est épouvantable. Je pourrais écrire des pages de cas de viol et de brutalité presque incroyables. Deux corps passés à la baïonnette sont les seuls survivants de sept balayeurs qui étaient assis sur leur siège lorsque les soldats japonais sont arrivés sans avertissement ou raison et ont tué cinq d'entre eux et blessé les deux qui ont réussi à trouver le chemin de l'hôpital. 

     

    Laissez-moi raconter certains cas qui ont eu lieu ces deux derniers jours. La nuit dernière la maison d'un des membres chinois du personnel de l'Université a été détruite et deux des femmes, qui sont parentes avec lui, ont été violées. Deux filles d'environ 16 ans ont été violées à mort dans un camp de réfugiés. Dans l'Université où se trouvent 8 000 personnes, les Japonais sont venus dix fois dans la nuit, passant au-dessus du mur, pour voler de la nourriture, des vêtements et violer jusqu'à satisfaction. Ils ont donné cinq coups de baïonnette à un petit garçon de huit ans dont un dans l'estomac, une partie de son épiploon (partie de l'intestin grêle, ndT) se retrouvant hors de son abdomen. Je pense qu'il va vivre.

     Source citation : Kaiyuan Zhang, Eyewitness to Massacre: American Missionaries Bear Witness to Japanese Atrocities in Nanjing, M. E. Sharpe, 2001.

     

     
    photo d'un soldat japonais qui transperce un bébé à nankin

    Source photo : Pinterest, Japanese soldiers in Nankin

     

     
    un soldat japonais jetant un petit enfant

    Source photo : Pinterest, rape of  Nankin photos

     

    D'autres rapports font montre que les atrocités des Japonais ne s'arrêtaient pas là : d'après Iris Chang, auteure de The Rape of Nanking, ils forçaient les familles à commettre des actes d'inceste, en forçant des fils à violer leurs mères, et des pères leurs filles. Robert B.Edgerton, dans Warriors of the Rising Sun, décrit le viol d'une femme enceinte qui a accouché quelques heures après, à cause du choc. La mère comme l'enfant semblent avoir eu la vie sauve.

     

    Des hommes de foi, ayant fait vœu de célibat, sont également forcés à violer des femmes.

     

    2. Les massacres des civils

     

    Sur la route de Nankin, les Japonais ont aussi commis des crimes dont le cynisme ferait frissonner le moins sensible d'entre nous.

     

    Une atrocité parmi les plus connues est le concours de meurtres, auquel se sont adonnés deux officiers japonais. Couvert par plusieurs journaux comme un évènement sportif, le concours portait sur celui qui serait le plus "productif" à la baïonnette : 

     

     
    concours de deux officiers japonais

    Source photo : Wikipedia. 

     

    Publiée dans le Tokyo Nichi Nichi Shimbun, cette photo met en valeur les deux officiers, Mukai et Noda, ayant un score respectif de 106 décapités pour Mukai, contre 105 pour Noda. On peut y lire "Record incroyable", et que les deux officiers se sont mis d'accord sur une manche supplémentaire :

     

    - puisqu'il était difficile de savoir qui était arrivé à 100 en premier, ils ont décidé de recommencer, avec cette fois pour but d'atteindre les 150 décapitations.

     

    Le 10 février 1938, le secrétaire de légation de l'ambassade allemande décrit certains clichés pris par le révérend John Magee :

     

    Durant le règne de la terreur japonais à Nankin – qui en tout cas continue à ce jour dans des proportions incroyables – le révérend John Magee, membre de la mission de l'église épiscopale américaine qui est sur place depuis près de vingt-cinq ans, a filmé des images qui sont un témoignage éloquent des atrocités perpétrées par les Japonais...

     

     

    Nous allons maintenant attendre et voir si les hauts officiers japonais réussiront, comme ils l'ont promis, à stopper les activités de leurs troupes, qui continuent encore aujourd'hui. 

     

    Le 13 décembre, environ 30 soldats sont venus à la maison chinoise au 5 rue Hsing Lu Koo, dans le quartier sud-est de Nankin et ont demandé à entrer.

     

    La porte a été ouverte par le propriétaire, un musulman appelé Ha.

     

     

    Ils l'ont tout de suite tué avec un revolver et également Mme Ha, qui s'est agenouillée devant eux après

     

    la mort de son mari, les suppliant de ne tuer personne d'autre. Mme Ha leur a demandé pourquoi ils ont tué son mari et ils l'ont abattue. Mme Hsia a été traînée de dessous une table dans la salle des invités où elle a tenté de se cacher avec son bébé âgé d'un an. Après avoir été déshabillée et violée par un ou plusieurs hommes, elle a reçu un coup de baïonnette dans la poitrine et une bouteille a ensuite été introduite dans son vagin. Le bébé a été tué à la baïonnette.

     

    Certains soldats sont ensuite allés dans la pièce suivante, où se trouvaient les parents de Mme Hsia, âgés de 76 et 74 ans, et ses deux filles de 16 et 14 ans. La grand-mère a essayé de protéger les deux filles du viol des soldats. Ils l'ont tuée avec un revolver.

     

    Le grand-père a saisi le corps de sa femme et a été tué.

     

    Les deux filles ont été ensuite déshabillées, la plus âgée violée par 2 ou 3 hommes et la plus jeune par trois hommes.

     

    La fille la plus âgée a été poignardée et un bâton introduit dans son vagin.

     

    La plus jeune a reçu des coups de baïonnette mais a été épargnée du traitement horrible subi par sa sœur et sa mère.

     

    Les soldats ont ensuite donné des coups de baïonnette à une autre sœur de 7-8 ans qui était aussi dans la pièce. Les derniers meurtres dans cette maison sont ceux des deux enfants des Ha, âgés respectivement de 4 et 2 ans. Le plus âgé a été tué à la baïonnette et le plus jeune à l'épée.

     

     
    une femme tient un bébé, après qu'ils aient tous deux reçu un coup de sabre

    Source photo : Dessin représentant les atrocités du Viol de Nankin, Demeureduchaos.skyrock.com

     

     

    Voici un témoignage de Tang Junshan : 

     

    La septième, et dernière personne de la première rangée était une femme enceinte. Le soldat pensait qu'il pourrait tout aussi bien la violer avant de la tuer, alors il l'a tirée hors du groupe à un endroit situé à une dizaine de mètres. Alors qu'il essayait de la violer, la femme a résisté avec vigueur... Le soldat l'a violemment poignardée dans le ventre avec sa baïonnette. Elle a poussé un dernier cri lorsque ses intestins sont sortis. Ensuite, le soldat a poignardé le fœtus, encore accroché par son cordon ombilical, et l'a jeté à côté.

    Source citation :  Cecilia Yang 

     

     
    un bébé pleure sur le cadavre de sa maman, nankin

    Source photo : Literaturesalon.wordpress.com.  Un bébé pleure sur le cadavre de sa mère, empilé sur celui de son père.

     

    3. L'abolissement des lois internationales à Nankin

     

    L'empereur Hirohito approuve en août 1937 la demande des grands généraux de l'armée d'annuler les lois internationales protégeant les prisonniers de guerre. Le terme même de prisonnier de guerre disparaît.

     

     
    Soldats chinois enterrés vivants

    Source photo : Wikipedia. Des soldats chinois sont attachés avant d'être enterrés vivants.

     

    Ainsi, à la chute de la ville, les troupes japonaises reçoivent l'ordre de retrouver tous les anciens soldats, et des milliers de jeunes hommes sont capturés. Ils sont pour la plupart exécutés à la mitrailleuse.  Le plus gros massacre de prisonniers reconnu est celui du 18 décembre : pendant toute la matinée, les soldats japonais lient les mains des prisonniers ensemble, afin de les empêcher de s'enfuir. Ils les divisent en quatre colonnes, et au crépuscule, ouvrent le feu.

     

    Les prisonniers, incapables de bouger, voient leurs morts arriver, pleurent, crient, ou prient. Pendant une heure, les mitraillettes retentissent. À l'issue de cette heure, les survivants sont massacrés à la baïonnette. Les corps sont ensuite jetés dans le fleuve. Environ 57 500 prisonniers chinois ont été tués.

     

    Une autre façon d'exécuter les Chinois à Taiping - décrit dans un article de la BBC NEWS, Nanjing remembers massacre victims de Michael Bristow - a été de les exploser avec des mines, avant de les asperger d'essence, et les brûler vivant. Les quelques malchanceux à survivre aux deux, étaient achevés à la baïonnette.

     

     
    Un soldat menace un homme incapable de se défendre

    Source photo : Vg.no.  Un homme japonais va exécuter un prisonnier chinois qui se remettait de ses blessures.

     

    4. La fin du massacre et ses conséquences sur les relations internationales

     

    En fin janvier 1938, l'armée japonaise reconduit de force les réfugiés vers Nankin, en avançant que « l'ordre est rétabli ». Un gouvernement de collaboration est mis en place, pour essayer d'endiguer le phénomène. Les derniers camps de réfugiés ferment en mai de la même année.

     

    Il n'y a pas de données précises quant au nombre de victimes : Si Lewis S.C. Smythe, habitant à Nanking lors du massacre et y ayant vécu jusqu'en 1951 avance un nombre de 6 600 victimes, là ou le Tribunal Militaire International pour l'Extrême-Orient avance 200 000 victimes civiles et militaires dans les 6 premières semaines d'occupation japonaise (cette estimation paraît la plus probable, car confirmée par les sociétés et organisations mortuaires, portant preuve de plus de 150 000 corps enterrés, sans tenir compte des brûlés, ou des noyés).

     

    Le tribunal des crimes de guerre de Nankin parle de 190 000 civils et soldats assassinés, et 150 000 victimes d'actes de barbarie, portant le tout à plus de 300 000 victimes. Les estimations des historiens varient trop pour que leurs chiffres soient d'une quelconque utilité.

     

    Les jugements commencent en 1946 après la défaite du Japon pendant la seconde guerre mondiale, et beaucoup de criminels de guerre, en position de pouvoir au moment du massacre, ne seront jamais jugés. Le général Matsui est mis en examen pour avoir "délibérément et imprudemment" ignoré "un devoir légal de prendre des mesures adéquates pour assurer l'observation et prévenir les infractions". Le Lieutenant général de la 6e division de l'armée japonaise à Nankin est jugé par le tribunal des crimes de guerres de Nankin.

     

     
    photo de matsui et tani

    Source photo : Wikipedia; à gauche le Général Iwane Matsui, à droite le général Hisao Tani.

     

    Le prince Asaka, officier dans la ville au moment des faits, bénéficiera d'immunité, du fait de sa haute naissance, et de son lien de parenté avec l'empereur. Asaka nie avec ferveur que ces faits aient eu lieu et prétend officiellement n'avoir jamais eu vent d'un souci de comportement de ses troupes.

     

    Le tribunal des crimes de guerre de Nankin ne condamnera que huit accusés. Matsui est décrit auprès du Tribunal de Tokyo comme ultime responsable, puisqu'il a "délibérément négligé de tenir compte et de leurs obligations légales [en vertu de leurs bureaux respectifs] à prendre des mesures adéquates pour assurer [le respect des lois et coutumes de la guerre] et prévenir les violations de celui-ci, et ainsi violé les lois de la guerre ".

     

    Le deuxième condamné principal sera le ministre des affaires étrangères, Hirota Koki, reconnu coupable d'avoir "élaboré un plan ou complot", menant à "une guerre d'agression en violation des lois internationales, traités, accords et des assurances contre la République de Chine", ainsi que du même chef d'accusation que Matsui.

     

    Tous deux sont condamnés à mort par pendaison.

     

    Ce n'est qu'en 1995 que le gouvernement japonais de Tomiichi Muramaya fera des excuses orales, reconnaissant officiellement le massacre de Nankin. Si une majorité des Japonais reconnaissent l'existence du massacre de Nankin, une partie conséquente des hommes politiques, notamment de droite, nient son existence, jusqu'à avancer que le massacre de Nankin serait pure "fabrication" : en effet, dans certains milieux privilégiés, mentionner le massacre de Nankin est une atteinte à la fierté légendaire du Japon.

     

    Si les relations sino-japonaises s'améliorent depuis 1995, la plupart de leurs conflits proviennent des atrocités de guerre commises durant l'année 1937, et notamment le massacre de Nankin. 

     

    Si les militaires japonais ont commis des atrocités, ce sont les civils japonais qui en ont payé le prix, huit ans plus tard : Les photos choc des effets du Nucléaire, 70 ans après Hiroshima et Nagasaki

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