• L'eunuque du Printemps Éternel

    L'eunuque du Printemps Éternel

    L'impératrice Ts'eu-hi et ses eunuques. Albert Maybon (1878-19xx) : La vie secrète de la cour de Chine. — Librairie Félix Juven, Paris, 1910.L'impératrice Ts'eu-hi sur sa chaise particulière portée par des eunuques.
    (Au premier plan, on voit à droite le Grand eunuque Li Lien-yin, à gauche le doyen de la corporation). Photo Firmin Laribe.
     

     

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    Les derniers bruits du grand bouleversement de 1860 s'éteignaient.

     

    L'on finissait d'embarquer les troupes de l'armée d'occupation.

     

     

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    Et, par l'intermédiaire du Tsong-li ya-men, les relations des puissances étrangères avec le pouvoir impérial tendaient chaque jour à se régulariser.

    C'était une perspective d'années tranquilles...

    Il y eut des jeux plus riants, plus gracieux que ceux de la politique ; il y eut d'aimables intrigues.

     

    À l'ordre du jour les affaires galantes avaient pris la place des affaires du gouvernement. Et les eunuques faisaient la loi ; partout c'étaient des clabauderies, leurs pitreries, leur turbulence insane.

     

     

     

    Volontiers Ts'eu-hi, en une étrange intimité, les retenait auprès d'elle, désireuse de connaître leur passé, leurs goûts, leurs habitudes.

     

    Un de ces castrats surtout l'intéressait ;

     

    son nom : Siao Tö-hai.

     

    Jeune dodu, rose, mais pas beau : sur sa face ronde, plate, qu'avait criblée la petite vérole, des yeux saillaient, avec des lueurs de charbons ardents, et comme expulsés de leur orbite ; regard fuyant — jovial, cruel.

     

    D'un épais retroussis des lèvres une voix grêle sortait, d'abord avec mollesse, puis en s'animant elle semblait trébucher à des hoquets ; les gestes finissaient la phrase, ce qui amusait follement Ts'eu-hi.

     

    « Siao est décidément le plus drôle », répétait-elle.

     

    Et Siao, pour complaire à sa souveraine, devait raconter la grande aventure de sa vie.

    Il n'avait jamais bien su en quel lieu il était né. Ce qu'il savait bien, c'est qu'il avait vécu son enfance dans la société des pourceaux. Un jour son père lui dit qu'il était assez savant ; et tous deux s'embarquèrent sur une jonque chargée de thé en vrac. On voyagea plusieurs jours. Enfin Siao apprit qu'il était à T'ien-tsin.

     

    Il n'avait jamais vu pareille foule, et, difficilement, il suivait son père dans les rues.

     

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    À un carrefour, il le perdit de vue, et ses efforts pour le retrouver furent vains.

     

    Ah ! quels sanglots... Mais son désespoir faisait rire.

     

    Où aller ? À qui se confier ? Un homme d'une haute stature vint à passer ; résolument, Siao lui emboîta le pas, puis courut à ses côtés. Et il était déjà consolé, bien que le géant ne lui eût pas adressé un mot : à l'abri de cette puissante musculature l'inconnu de la vie ne le tourmentait plus.

     

     

    Cependant quand l'autre entra dans une auberge, l'enfant n'osa en franchir le seuil.

     

     

    On lui fit signe d'avancer, et les buveurs réunis là, parmi les détritus, l'accueillirent comme s'il tombait du ciel.

     

    Ils riaient de toutes leurs dents ; des gestes, des mots parurent à Siao gros de mystère, mais il s'endormit, mort de fatigue, sur sa tasse de thé.

    Tout à coup, des cris le réveillent.

     

     

    Dans le petit jour livide que filtraient les stores, il distingue son père et le colosse qui l'avait charmé, prêts à en venir aux mains.



    — Voleur, clamait le premier, voleur d'enfants !

    Mais soudain, la discussion cesse ; on entend un bruit de piécettes, quelques phrases d'accommodement, et Siao aperçoit son père qui, vite, gagne la porte.

     

     

    Il était vendu. Il en était bien aise ;

     

    son acquéreur lui inspirait une telle confiance !

    Les premiers temps furent heureux, sans déceptions.

     

    On prenait un soin infini de sa santé ; on le gavait ; et il était condamné à dormir comme d'autres à travailler.

     

    À ce régime, il devint un jeune garçon gras, mafflu, stupide.

     

     

    Il avait douze ans.

     

    Maintes fois des personnages vêtus de robes sombres, avec des bottes de satin, vinrent l'examiner.

     

    Ils ressemblaient à de vieilles femmes ; et ils avaient une voix de crécelle.

    — Vieux coqs, disait l'aubergiste, est-ce que ça vous convient ? Il me semble que je vous ai préparé un beau morceau !

    Ils le trouvaient rondelet. Bavard ?

    Pas assez, peut-être.

     

    Le Palais aime le caquet, disaient-ils.

     

    Mais ils en avaient vu beaucoup de cette espèce : maussade avant, assourdissant après.

     

    Comme les autres, celui-ci sera un malin quand proprement ses « précieuses » auront été enlevées...

    Un jour enfin ces mêmes hommes vinrent chercher Siao, contre le prix convenu.

     

    À quelque temps de là, il n'était plus le même.

    — Ils m'avaient allégé, ah ! oui... s'écriait l'eunuque en terminant son histoire.

    Et là, il hoquetait coup sur coup, tandis que ses mains imitaient le geste de l'opérateur.

     

     

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    L'impératrice se pâmait.

    — Tout, tout, ajoutait Siao, sur un ton comiquement sérieux.

    Il se rendit bientôt compte, le malin, que plus il outrait son tabarinage, ses bouffonneries, plus son crédit grandissait. Il eut des inventions burlesques.

     

    Et Ts'eu-hi avoua ne plus pouvoir se passer du jeu de l'eunuque-histrion.

     

    Sans lui, les heures étaient terriblement mornes ; et plusieurs fois le jour, la nuit même, on l'allait chercher dans son bouge de l'Intendance.

     

    Un tel succès l'enhardit.

     

    Il ne se contenta plus de faire rire à ses dépens, il parodia les personnages de la cour, la mélancolique impératrice Ts'eu-ngan, le soigneux et douceâtre prince Kong, le turbulent et dévergondé prince K'ing, et tous les hypocrites, tous les corrompus, tous les galantins.

     

    L'impératrice, ravie, applaudissait ; l'autre se rengorgeait en hoquetant de satisfaction. Puis il fallut des divertissements nouveaux.

     

    Siao osa dénigrer la vie étroite, fermée, le convenu, le protocole de la Cité Rouge, et il dit merveille des villes ouvertes aux Européens, de T'ien-tsin, de Chang-hai. Ah ! s'il en avait l'autorisation, que de choses insoupçonnées il rapporterait à sa souveraine... La proposition était trop tentante ; Ts'eu-hi, par décret impérial, lui permit de quitter Pékin. Peu de jours après, il arrivait triomphant au palais ; et, devant la curiosité impatiente de son impériale protectrice, il étalait une collection de photographies.

     

     

    C'étaient des ballerines et des acrobates anglais ; Ts'eu-hi gloussa de plaisir en contemplant les poses extravagantes de ces Européens en maillot.

     

    Elle fut heureuse toute une semaine. Et Siao, manière de génie, devint candidat à la fonction suprême : chef des eunuques du Printemps Éternel.

     

    Dès lors sa langue se délia davantage, son port se fit hautain ; il disposait de l'avenir des courtisans ; faveurs et disgrâces dépendaient d'un mot de sa bouche.

     

    Il sut user largement de cette influence ; des étoiles s'éclipsèrent, d'autres parurent.

     

    Il palpa d'énormes pots-de-vin.

     

     

     

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    Cependant contre cette nouvelle puissance on murmura au palais de l'Est, chez l'impératrice Ts'eu-ngan, refuge des désenchantés, de l'austérité politique.

     

    Déjà des hommes d'État avaient mis toute leur indignation à censurer auprès de la veuve de Hien-fong, toujours morose, les jeux frivoles de Ts'eu-hi ; quand ils virent le personnel gouvernemental à la merci d'un eunuque, il se concertèrent pour attirer le prince Kong dans leur cercle, pour le décider à proclamer qu'il n'était plus solidaire de l'Ouest ; celui-ci, sans doute, répondit à ces sollicitations, le Printemps Éternel ne lui étant plus favorable, ni même accessible ; mais il eut soin de ne pas prendre parti.

     



    Siao eut vent de ces menées : à sa dévotion, il avait quelques censeurs ; l'attitude équivoque de Kong fut dénoncée ; tandis que, pour assurer sa position, le favori jugeait nécessaire d'organiser une nouvelle expédition. Ts'eu-hi y consentit avec empressement ; cette fois quantité de curiosités baroques lui étaient promises.

     

     

    Son attente ne fut pas déçue.

     

    Après trois mois d'absence, le palanquin de l'eunuque, couvert de l'insigne, de l'impériale couleur jaune, pénétra dans la Cité Rouge, suivi de chars où s'entassaient des caisses de toutes dimensions.

     

    Le déballage dura ; mille exclamations de surprises saluaient chaque objet, et, autour de l'impératrice, les femmes du gynécée, les servantes, les dames du palais, les eunuques, pour toucher, pour voir de près ces choses d'Europe, se pressaient, se bousculaient.

     

     

    Il y avait là des crinolines, des châles, des hauts de forme, des bottes russes, des fers à friser, des verroteries, des fausses nattes, des corsets, des images licencieuses...

    Au retour d'une campagne heureuse, un général n'eut pas été plus acclamé que l'eunuque Siao, — et, au milieu de ses emplettes, pareilles à un butin, il triomphait.

    *

    [Les difficiles premières années de pouvoir de l'empereur Kouang-siu]

    Kouang-siu (1871-1908). - Albert Maybon (1878-19xx) : La vie secrète de la cour de Chine. — Librairie Félix Juven, Paris, 1910.L'empereur Kouang-siu.

     

     

    Des décrets avaient annoncé, en juillet 1886, la prochaine remise du pouvoir à l'empereur Kouang-siu. Mais, quand les astrologues fixèrent le jour de la majorité au 7 février 1887, Ts'eu-hi fit connaître que la cour la suppliait de ne point résigner son autorité de régente ; la vérité était autre : contre son éternelle dictature, les grands cabaleurs d'autrefois parlaient d'agencer une coalition. Eux qui avaient dédaigné de grouper leur force autour du trône de T'ong-tche, maintenant acclamaient les seize ans de l'empereur Kouang-siu ; ils étaient las du gouvernement des femmes et des eunuques, et ils n'avaient d'yeux que pour le Fils du Ciel, libre, omnipotent.

     

    En face de cette hostilité, Ts'eu-hi se buta. Aussi quand le ministre de France, M. Lemaire, eut exprimé le désir de remettre ses lettres de créance à l'empereur lui-même, le Tsong-li ya-men lui fit cette réponse :

    « Bien que nous soyons actuellement en temps de règne effectif de l'empereur, l'impératrice continue à donner ses instructions pour le gouvernement.

    Elle les donnait avec un tel accent impérieux que les mécontents, pris d'effroi, s'étaient terrés. La Cité Rouge paraissait soumise. Alors Ts'eu-hi songea à marier Kouang-siu.

    « Depuis que l'empereur est parvenu à la dignité suprême, sa maturité d'esprit a augmenté de jour en jour.

     

    Il convient de choisir une personne sage qui soit sa compagne et l'aide à diriger le Palais, qui pratique ses devoirs d'épouse et qui soutienne la Vertu impériale.

     

    Nous désignons donc la fille du vice-lieutenant Kouei-Siang, de la maison de Ye-ho-na-la.

    Le même décret faisait entrer deux princesses-épouses dans le gynécée ; l'une âgée de quinze ans recevait le non d'Éclat de gemmes, l'autre, n'ayant que treize ans, était appelée Précieuse.

     


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    Le mariage eut lieu le 26 février 1889.

    La nouvelle impératrice était fille du frère de Ts'eu-hi. On a dit qu'elle ne séduisit pas son époux, mieux encore, qu'elle fit tout pour se l'aliéner.

     

     

    Elle était dévouée à sa tante, qui l'avait stylée de telle façon que l'amour ne pût s'éveiller dans le cœur de Kouang-siu.

     

     

    À la faveur de cette inimitié, Ts'eu-hi pensait perpétuer sa domination. Et, rassurée, le 4 mars 1889, elle transmit les pouvoirs souverains à l'empereur.

    La politique était épineuse.

     

     

    Depuis trois ans des sociétés industrielles, soutenues par des coalitions de financiers, faisaient le siège de Pékin pour obtenir les travaux prévus par le gouvernement.

     

    On les accueillait sans déplaisir, car depuis les palabres de Li Hong-tchang, il était de bon ton à la cour de vanter les chemins de fer, les téléphones, les ports militaires et autres merveilles.

     

     

    Si le vice-roi du Tche-li était l'inspirateur de ce phénoménal snobisme de la Cité Rouge, la publicité bruyante qu'il fit et qu'il fit faire autour de ces projets avait en grande partie déterminé cette immigration de constructeurs de toutes nationalités.

     

    Mais Li Hong-tchang ne se doutait pas que la diplomatie étrangère, stimulée par ce mouvement d'affaires, s'apprêtait à formuler la théorie du « dépècement de l'empire chinois ».

     

    Le prince K'ing, non plus, ne flairait pas le piège.

     

    Il bornait son horizon aux négociations quotidiennes, et il avait soin, pour satisfaire la curiosité du Palais, d'emplir sa mémoire de toute la pesante matière des rapports et propositions dont on l'accablait.

    Ts'eu-hi cependant n'arrivait pas à se faire une opinion.

     

    Elle prit alors le parti de demander aux vice-rois, gouverneurs et généraux leur avis sur la construction des chemins de fer.

     

     

    Les réponses lui parvinrent après qu'elle eut investi l'empereur de la souveraineté absolue.

     

    L'ancienne régente ne put garder le silence ; elle annonça qu'après examen, elle était acquise aux projets du vice-roi Tchang Tche-tong, et, le 27 août 1889, Kouang-siu recevait un long écrit de Ts'eu-hi portant en tête :

     

    « Moi l'empereur j'ai reçu de l'impératrice le décret suivant. »

     

     

    C'était lui signifier qu'il devait y apposer sa signature de vermillon.

     

    Il le fit sans murmurer.

     

    Et Li Hong-tchang avec Tchang Tche-tong furent ainsi chargés de commencer la ligne des provinces des Hou par les deux extrémités ; le reste, disait le décret, se fera progressivement.

    Ts'eu-hi régnait donc toujours. Sans doute s'efforçait-elle de se détacher du trône, mais une force supérieure à sa volonté l'y ramenait ; autour de l'empereur elle voyait des visages qu'elle n'aimait pas, des partisans de Kong...

    Un événement abattit son opiniâtreté : la mort de son beau-frère,

    le prince Tch'ouen, le 1er janvier 1891.

     

     

    Elle se retira dès lors sous sa tente confiant ses intérêts au prince K'ing. Elle renonçait à gouverner, mais non à agir sur les hommes publics et, en premier lieu, sur l'empereur.

     

     

    Pour cette direction cachée, elle avait des moyens à elle et des agents habiles.

    La résidence des Jardins de l'Ouest ne cessait d'être au fait de ce que voyaient et entendaient salles du trône et appartements impériaux.

     

     

    Le va-et-vient du petit chemin de fer reliant la Cité Rouge à la région des lacs n'était que le va-et-vient de l'espionnage.

     

     

    Au glapissement de la locomotive, Ts'eu-hi sursautait, et, de son allure la plus calme, elle égarait ses pas dans les allées du parc.

     

    Un soir l'eunuque qu'elle attendait fut devant elle...

     

    Ah ! masqué par un paravent, que venait-il d'entendre !

     

     

    L'empereur s'était entretenu plusieurs heures avec les vice-présidents du ministère de la Guerre et du ministère des Travaux. Mais comment sa bouche pourrait-elle rapporter les propos insensés de ces deux grands mandarins amis de Kong ?...

     

     

    On outrage la Mère de l'État, devant l'empereur ; on le pousse à ne plus respecter Celle à qui il doit le trône, voilà !

     

    On a dit qu'elle n'était plus qu'une vulgaire concubine d'empereur, que si sous T'ong-tche, qu'elle avait enfanté, on ne pouvait l'empêcher de parler au trône, aujourd'hui, les relations de mère à fils n'existant plus, on était en droit d'interdire à elle et à ses gens l'accès du Palais...

    Ts'eu-hi n'en entendit pas davantage. Dans son pavillon intime elle réunit ses affidés. Peu après, comme un commandement impérieux, le sifflet du train troubla le sommeil des choses.

    Les ordres de la douairière s'accomplirent.

     

    À l'instant où le Fils du Ciel allait rejoindre la compagne de sa nuit, il vit au seuil de la chambre des officiers prosternés ; ils lui présentaient un papier couvert de caractères ; ils lui demandaient d'y apposer son paraphe de vermillon.

     

     

    Ces visages, cette graphie... Kouang-siu, tout tremblant, signa et s'enfuit.

    Kong et ses partisans connurent le lendemain le nouveau décret :

    « J'ai reçu pendant vingt ans les bienfaits de l'impératrice ; je n'oserais l'oublier. Or le vice-président du ministère de la Guerre et le vice-président du ministère des Travaux l'ont calomniée ; il faut les priver de leur charge et ne plus jamais leur donner d'emploi. Respect à ceci.

    Peu après, un censeur représenta à Kouang-siu qu'un Fils du Ciel ne doit pas négliger d'entendre chaque jour la lecture des livres classiques et que, pour cet office, il était urgent de désigner des lettrés.

     

     

    L'empereur allait se rendre à cet avis, mais les conseillers qui avaient pris la place de Ts'eu-hi l'inspirèrent différemment.

    « Depuis que je gouverne par moi-même, répondit-il au censeur, j'emploie le peu de temps qui me reste à étudier les Classiques et l'Histoire. Je ne me permettrai pas de rester oisif un instant.

    Il n'est pas utile que des lettrés viennent tour à tour me donner des explications. Ils n'ont pas à apprendre l'art de gouverner.

     

    Les uns répéteraient des vieilleries, les autres rempliraient leur charge par manière d'acquit, d'autres seraient attentifs à deviner les pensées et les sentiments de leur royal disciple, afin de le flatter et d'exécuter en secret d'astucieux desseins.

    Le parti de Kong venait de se dresser contre une nouvelle tentative de Ts'eu-hi.

    Alors la souveraine dépitée fit jouer d'autres ressorts.

     

     

    Elle choisit le gynécée comme centre d'action.

     

    D'ailleurs, en sa qualité de douairière, elle avait été tenue d'intervenir plus d'une fois dans les affaires sexuelles du Fils du Ciel.

     

     

    Quand l'impératrice-épouse fut pour la première fois après le mariage, empêchée, ce fut Ts'eu-hi qui désigna quelle princesse-épouse devait partager la couche du Dragon.

    — Sois attentive et respectueuse, lui dit-elle, pleine de douceur, soumise aux convenances ; n'aie ni orgueil, ni jalousie, conforme-toi aux rites.

    Et le lendemain, pour attester sa virginité, la princesse envoya à la douairière un linge maculé de sang.

    Maintenant Ts'eu-hi projetait de réglementer avec plus de sévérité les amours impériales. D'abord elle étudia le caractère de celles qui devaient inconsciemment servir ses desseins.

     

    L'impératrice-épouse avait toujours appartenu à sa volonté ; mais les deux princesses et les quinze dames du palais ou concubines lui étaient moins familières.

     

     

    Elle s'enquit de leur goût, de leurs faiblesses, par l'intermédiaire des eunuques, et aussi des préférences de cet empereur, qu'elle allait disputer à des adversaires roués.

    Bientôt la partie fut engagée ; tout ce monde féminin obéissait docilement aux combinaisons de l'impératrice.

    Kouang-siu n'avait plus la liberté de désigner les compagnes de ses nuits.

     

    Émancipé dans les salles du trône, il tombait en tutelle dans ses appartements intimes.

     

    Plus de régence politique, mais un gouvernement, davantage insupportable peut-être, celui des appétits charnels. En toute occasion, la loi de la douairière s'imposait.

     

    Sans doute les fins que poursuivait T'seu-hi étaient-elles de réduire l'empereur à des actes désespérés ou à des mouvements de rébellion ; d'où prétexte pour réapparaître, pour imposer sa volonté.

     

    Mais la guerre contre le Japon survint.

     

    Soudainement, il fallut faire face aux désastres.

     

     

     

    SOURCES 

    http://www.chineancienne.fr/maybon-la-vie-secrete-de-la-cour-de-chine/#extrait2

     

    « Mémoires d'un Eunuque dans la Cité Interdite (中国 ) Sidney DAVID GAMBLE (中国 ) photographe ( La Chine 1917-1919 ) »

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