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    les Courtisanes

      

    Les «fleurs», jardin pas secret de l'élite chinoise. Un sinologue décrit la tradition ancestrale des courtisanes.

      

      

    Le monde des courtisanes chinoises au siècle dernier: le sujet

     

    méritait quelques explications éclairées. Gilles Guiheux, maître de conférences en histoire de la Chine contemporaine, nous explique les us et coutumes des «maisons de fleurs», «espace culturel lointain, pour nous bien sûr mais aussi pour les Chinois d'aujourd'hui».

     

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    «L'action du film se déroule sous la dynastique mandchoue, qui se caractérise par son extrême pudibonderie. Désormais, les choses du sexe sont dissimulées, les corps dans l'iconographie et la littérature ne se touchent plus.

     

    «De 1860-1945, Shanghai est composé de trois municipalités juxtaposées:

     

    une concession française, une autre internationale (anglaise et américaine), une troisième chinoise.

     

    Le gouvernement Qing interdit les maisons closes sur le territoire chinois.

     

    Elles se sont donc installées dans les concessions internationales où elles ont toute liberté de prospérer.

     

     

    Regroupées dans le quartier des plaisirs, avec les restaurants, les théâtres, ces maisons de courtisanes sont fréquentées par la crème de la société chinoise. En particulier, l'élite bureaucratique, ces hauts fonctionnaires, fins lettrés, qui détiennent le pouvoir politique et le prestige social.

     

    Les courtisanes font partie de tout un art de vivre sophistiqué sans équivalent en Occident. «Les hommes avaient une épouse légitime et des concubines qui coexistaient, cloîtrées, dans la même résidence. Le rapport avec la courtisane était le seul vraiment libre que ces hommes pouvaient avoir avec une femme, en dehors de toutes les contraintes de l'étiquette mondaine. Ils pouvaient s'afficher avec elle, aller au restaurant, parler librement.

     

    les Courtisanes

      C'est un lien complexe à la fois d'équilibre des sexes et de dépendance des femmes qui sont quand même là sur commande! «Comme les acteurs de l'Opéra de Pékin, les courtisanes occupaient un statut social ambigu, étant à la fois respectées, alimentant les pages "people de la presse de l'époque (suicide, scandales") et d'un autre côté totalement marginales. Le client, avant de pouvoir coucher avec l'un d'entre elles, devait passer par toute une série d'étapes de séduction, avant d'être sélectionné et de devenir client privilégié. L'essentiel de l'activité de ces femmes était de distraire les hommes par la conversation, la musique, le chant.

     

    «Les maisons closes étaient des endroits clés de la vie sociale, on y fêtait les anniversaires,

     

    les promotions hiérarchiques, les nouveaux contrats"

     

    Etaient facturés au client la sortie, les banquets, les jeux, puis venait la note de la consommation sexuelle, si d'aventure elle avait lieu.

     

    Les revenus d'argent étaient entièrement reversés aux maquerelles, les courtisanes gardant les cadeaux.

     

    «Ces femmes étaient des filles enlevées dès l'enfance dans les campagnes ou vendues par leurs parents.

     

    La maquerelle les éduquaient aux arts de la conversation et de la musique. Mais on ne leur apprenait ni à lire ni à écrire. Robert Van Gulik a une belle expression à propos des courtisanes au Xe siècle:

     

    "Si les hommes conversent avec les courtisanes, c'est non seulement pour se conformer à une coutume sociale mais très souvent aussi pour s'évader de l'amour charnel, pour trouver une sorte de soulagement loin des appartements féminins, de leur atmosphère parfois accablante et des rapports sexuels obligatoires.

     

    Ils sont affamés d'amitiés féminines spontanées sans obligations.

     

    «Les maisons de courtisanes disparaissent au début du XXe.

     

    Avec l'émergence de nouvelles classes moyennes, la chute du prestige de la fonction au profit de l'argent, c'est tout un pan de la culture du lettré qui s'effondre sans recours.»

     

     

    (1) Le livre de référence en cette matière est Belles de Shanghai, de Christian Henriot, CNRS éditions, 1997.

      

      

     

     

    sources :

    http://www.liberation.fr/culture/0101260486-les-fleurs-jardin-pas-secret-de-l-elite-chinoise-un-sinologue-decrit-la-tradition-ancestrale-des-courtisanes

      

     





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