• Les pieds bandés ou pieds de Lys des fillettes de Chine

     

     

      
    Depuis le Xème siècle, une mode redoutable permettait d’avoir les pieds de Lys pour apporter une démarche "légère", celle d’une hirondelle volante.
      
      
    Pourquoi ce terme de pied de lys ?
     
    Parce que les mamans bandaient les pieds de leurs filles en enroulant les orteils et en les incrustant sous la voute plantaire comme une corolle de lys.
     
    Le terme "souffrir pour être belle" a toujours été d’actualité, mais la pratique des pieds bandés reste dans les modes les plus traumatisantes, au point de développer deux pieds bots !
     
     
     
    C'était l'idéal de beauté de l'époque. Pour les femmes, il était presque obligatoire d'avoir les pieds bandés pour trouver un homme convenable, se marier et améliorer son niveau de vie
     
     
     
     
      femme pieds bandés
      
      mini pieds
      

    En raison de leurs petits pieds, [les femmes] étaient forcées de marcher avec une posture unique et cette démarche forçait le resserrement des muscles dans les cuisses, les hanches et le vagin.

     

    Avec le poids du corps constamment portée sur ses talons, ces femmes avaient plus de graisse dans les cuisses ce qui les rendaient plus voluptueuses aux yeux des Chinois de sexe masculin.

     

    La marche resserrait les muscles du vagin à un point tel que les Chinois affirmaient que faire l'amour à une femme aux pieds bandés,  c'était comme faire l'amour à une vierge à chaque fois.

     

    Ainsi, lorsqu'un homme regardait une femme aux pieds bandés marcher doucement, en vacillant, cela lui rappelait en permanence d'exquis délices sexuels...

     

    Ah, les hommes, tous les mêmes!

     
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    Les pieds bandés des fillettes de Chine

      

    Pendant plus de 1 000 ans, les mères chinoises ont enveloppé les pieds de leurs filles de bandages serrés afin de les rendre aussi petits que possible.
     

    Ces pieds déformés ont longtemps symbolisé pour l’Occident la barbarie et l’exotisme chinois.
    Cette mode a fait son apparition en Chine en l’an 950 de notre ère.

     

      

    Les pieds bandés des fillettes de Chine

      

      

    L’origine des pieds bandés

     

    Les origines de cette pratique mêlent histoire et légende.

     

    On sait que dès le VIe siècle avant notre ère, il existe des expressions chinoises pour décrire le procédé d’oppression employé mais sans précision sur la partie du corps concernée.

     

     

    Au début du IXe siècle, le poète Tu Mu rend hommage aux courtisanes qui ont de petits pieds mais il ne parle pas de déformation artificielle.

     

     

    Les historiens chinois situent l’apparition du bandage déformant sous les « Cinq petites dynasties », qui se partagent la Chine entre 907 et 962.
                 

    Cette méthode est alors spécifique aux courtisanes de haut rang.

     

     

     

    Illustration d'une femme chinoise se bandant les pieds auprès de son époux

    A l’origine, cette mode était donc une coutume des courtisanes de la cour impériale. Comment expliquer que cette coutume se soit répandue dans tous les milieux sociaux ?

      

      

      

     

    Piété familiale et prestige

    Partie du harem impérial, la mode du petit pied gagne progressivement toutes les classes sociales.
    Cette pratique semble s’être généralisée à la fin du XIe siècle. Les femmes perpétuent cette tradition de génération en génération.
                 

    L’éducation chinoise favorise surtout la soumission et au conformisme social.

    De plus, peu à peu, les chinois sont persuadés que de cette atrophie dépend le prestige de la famille. 

     

     


                 

      

      

    A leurs yeux, une jeune fille qui n’a pas de petits pieds ne pourra jamais trouver un mari qui fasse honneur à sa famille.
                 

    En effet, la taille du pied est un élément essentiel de la beauté. Les petits souliers deviennent un véritable critère standard de beauté.
    Le pied est, en Chine, la partie du corps la plus érotique.

      

     

    Soulier pour pied atrophié en satin et en bois de 13,5 cm de longueur

      

      

    On peut également y voir un moyen de restreindre la liberté des femmes car, devenues adultes, leur démarche ne pouvait être que lente et difficile.

     

     

      

    Une mode de plus de mille ans


    Pour le plaisir de l’empereur
     

    Au Xème siècle, cette mode part de l’empereur qui impose à une de ses concubines de se bander ses pieds pour mieux exécuter "la danse du lotus".
    Pour lui, cette vision nouvelle accroîssait son désir.


    Pendant un siècle, cette pratique restera réservée au "plaisir" du souverain et de sa cour.


    Pour les femmes de l’empireUn siècle plus tard, cette pratique "raffinée" va s’étendre à l’ensemble de l’empire.

    A la fin de la dynastie Qing, des femmes aux pieds bandés se retrouvent dans presque toutes les classes sociales, à l’exception des classes paysannes et des Hakka.
     

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    Trois styles de pieds apparaîssent :


    - les pieds de 15 cms, permettant à la femme de faire un riche mariage !
    Mais existent des femmes d’exception au pied de lys


    - les pieds d’argent, ne dépassant pas 10 cms


    - les pieds d’or, mesurant moins de 7,5 cms, pas plus large que le diamètre du mollet !

     

     

    Des pratiques de soumission

    Il s’agit bien de contraindre, de soumettre :
    - de soumettre la fillette à des critères imposés dès l’âge de 4 ou 6 ans,
    - de soumettre l’enfant à l’autorité du père,
    - d’en faire un objet de luxe permettant de créer un mariage intéressant pour la famille,
    - de soumettre la femme à un mari tout puissant
    - de s’entraîner à accepter d’autres formes de contraintes


    Nous sommes en pleine mode de pratiques SM.


    Notre époque n’a rien inventé avec son renouveau sado-masochiste.


    Le moment le plus raffiné des préludes amoureux pour le mari trouvait son paroxysme lorsqu’il déroulait lui-même les bandelettes pour découvrir la rareté des pieds de sa femme.


    Les bandes de 3 mètres de long devenaient des liens parfaits et servaient bien souvent à attacher la jeune mariée dans des pratiques de soumission.

     

     

      

      

    Pourquoi cette pratique fut-elle si pratiquée ?

    Parce que le pied était considéré comme la partie la plus sexy du corps.
    Le pied , objet fétiche parfait, était censé stimuler le désir chez l’homme.

    Un pied de lys représentait l’effort de la femme pour être séduisante.


    Ces pieds longuement préparés au fil des ans étaient étroitement liés au mariage.

     

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    Les minuscules souliers deviennent un symbole fétichiste par

    excellence, le standard de la beauté.

     

    Les souliers portés durant le mariage présentent des

    scènes érotiques plus qu’explicites.

     

     

    Cette soumission aux pieds bandés était avant tout un indice de soumission à l’homme.
    Une femme aux pieds bandés était un gage de mariage facile,

     


    la femme étant l’offrande et l’homme le consommateur.

    Un homme montrait son statut social en exhibant sa femme aux pieds "éduqués".
    Cette pratique machiste s’est perpétrée pendant 10 siècles.

     

     

     

     

    Une déformation à vie

     

    L’idéal est que le pied mesure 15 cm.

     

    Cette perfection est rare et donc très recherchée.

     

    La jeune fille qui possède cet atout fera un riche mariage.

    La réussite dépend de l’âge auquel la mère a commencé à bander les pieds de sa fille ainsi que des massages des articulations du pied.


    Il est impératif de commencer avant l’âge de 8 ans.

    Ainsi, il n’est pas rare que le bandage commence dès la quatrième année.


    Le bandage se porte jour et nuit.

     

    Photo de fillettes chinoises aux pieds bandés prise vers 1900

      

    La déformation la plus courante consiste à replier progressivement les derniers quatre doigts de pied sous le gros orteil.


    Puis, il faut le raccourcir en accentuant la courbure de la voûte plantaire avec un objet cylindrique qui la comprime.

     

    Il est évident que cette mode a infligé pendant 1 000 ans aux fillettes des douleurs difficilement tolérables.

     

    Les édits impériaux de 1902 interdisent la déformation des pieds. Mais, il faudra attendre 1911 et la naissance de la République pour que des mesures efficaces soient prises.

     

      V.B (10.2005)

        

    SOURCES : http://www.dinosoria.com/pied_chine.htm

      

    Histoire des pieds bandés en Chine

     

    La coutume des pieds bandés en Chine fut pratiquée du Xème au début du XXème siècle sur les filles et les jeunes femmes issues des classes sociales favorisées.

      

    Elle s’étendit progressivement à d’autres couches de la société chinoise.

      

    Cette coutume perdura pendant plus de mille ans.

      

    Son origine remonterait à la fin de la dynastie des Tang (dynastie la plus puissante de l’histoire de Chine) au Xème siècle, lorsque l’empereur demanda à sa femme de se bander les pieds pour effectuer la traditionnelle danse du lotus et accroître son désir.

      

    Environ un siècle plus tard cette coutume entra dans les mœurs et devint à la mode chez toutes les femmes de l’empire, devenant ainsi une tradition familiale qui symbolisait le richesse et la distinction.

      

    Cette tradition se perpétua de générations en générations. En effet, seules les familles les plus riches pouvaient respecter cette coutume car celle-ci obligeait la femme aux pieds bandés à se cantonner a des activités domestiques simples, que les familles pauvres ne pouvaient pas se permettre.

      

    A la fin de la dynastie des Quing (dernière dynastie imperiale chinoise), les femmes aux pieds bandés appartenaient à toutes les classes sociales de la société Han, excepté les plus misérables, ou à celles appartenant au groupes des Hakka où les femmes exécutaient une partie des travaux assurés par les hommes dans les autres ethnies. Au XIXème siècle, quelques empereurs tentèrent, mais sans succès, de faire bannir cette pratique.

      

    En 1912, après la chute de la dynastie Quing, le gouvernement de la République populaire de Chine interdit le bandage de pieds et força les femmes à enlever leurs bandages.

      

    Ce fut une étape très difficile et traumatisante pour ces femmes, auquel s’ajouta la douleur physique lorsqu’elles durent ôter leurs bandages.

      

    La pratique des pieds bandés se poursuivit quand même dans la clandestinité et son interdiction fut réellement effective après 1949, avec l’arrivée au pouvoir du gouverneur communiste Mao Zedong.

      

    En tout, un milliard de femmes ont vu leurs pieds ainsi sauvagement mutilés.

     

     

    Photo de pieds bandés dans leurs chaussures

    Photo de pieds bandés dans leurs chaussures

    -Technique de bandage

    Le bandage des pieds commençait environ a l’âge de cinq ans.

      

    Deux ans étaient nécessaire pour atteindre la taille d’environ 7,5 cm jugée idéale. Pour fabriquer ce bandage, les pieds étaient d’abord trempés dans de l’eau chaude ou du sang animal mélangé avec des herbes médicinales.

      

    Dans un second temps, la mère tirait les quatre petits orteils sous le pied , vers le talon. Ensuite le pied était cassé transversalement sur un cylindre de cuivre, pour que l’avant et l’arrière du pied se rejoignent. Seul le gros orteil était libre.

      

    À mesure que la voûte plantaire se brisait, le plat des talons et la plante du pied passaient l’un vis-à-vis de l’autre d’une position horizontale à une position perpendiculaire, de telle sorte que l’on finissait par pouvoir insérer une pièce de monnaie dans l’espace étroit qui les séparait. Le pied était ensuite placé dans une chaussure pointue de plus en plus petite au fil du temps.

      

    Les fractures, qu’elles soient volontaires ou non étaient très fréquentes, en particulier si le bandage commençait tardivement. Les bandes devaient être changées tous les jours et les pieds lavés dans une solution antiseptique.

      

    Suite à ces transformations physiques, la fille ne pouvait plus courir, et avait du mal à marcher.

      

    Une fois que les pieds avaient atteints leur taille minimum, la douleur disparaissait peu à peu, mais ces femmes devaient continuer à porter des bandages pour maintenir leurs pieds, mais aussi pour les cacher, tellement ils étaient mutilés.

      

    Les familles chinoises étaient persuadées que le bonheur était dans le pied. A leurs yeux, une jeune fille qui n’avait pas de petits pieds ne pourrait jamais trouver un mari qui fasse honneur à sa famille.

     

     

    Photo de pieds bandés après plusieurs années de bandages

    Photo de pieds bandés après plusieurs années de bandages

     

     

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