• Le consulat et la municipalité française de Shanghai (1849-1946)

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    La mission Lagrené

     

    En 1844, Louis-Philippe envoie en Chine un diplomate expérimenté, Lagrené, pour négocier un traité de commerce, sur le modèle de celui que les Anglais ont signé à Nankin en 1842 pour mettre fin à la première guerre de l'Opium.

     

    La mission conduite par Lagrené comprend des diplomates, parmi lesquelsCharles de Montigny, futur consul de France à Shanghai, un interprète, un médecin, plusieurs délégués du ministère du Commerce et des Finances et des Chambres de commerce et un inspecteur général des Douanes, Jules Itier qui est aussi photographe.

     

     

    C'est à bord du vapeur L'Archimède stationné sur la rivière de Canton (près de Huangpu) , que les plénipotentiaires français et chinois fixent les termes du premier accord franco-chinois politique et commercial.

     

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    Les Français sont autorisés à s'installer dans cinq ports, Canton, Shanghai, Amoy, Fuzhou et Ningbo, sous la protection de leurs consuls.

     

    Ils peuvent y commercer librement, sans intermédiaire.

     

     

    Ce n'est pas un hasard si la ville est choisie parmi les cinq ports dont les occidentaux ont revendiqué, à l'issue de la guerre de l'opium, l'ouverture.

     

     

     

    Elle bénéficie d'un site très privilégié : située sur la rive gauche du Huangpu, affluent du Yangzi, elle reste proche du grand fleuve qui permettrait la diffusion au plus profond du continent les produits manufacturés occidentaux ;

     

    de multiples cours d'eau et canaux lui ménagent également une liaison facile vers le nord, vers Suzhou, capitale de la soie, plus loin, vers Pékin, par le grand canal, et son approvisionnement est assuré par une plaine fertile.

     

     

    Au début du XIXe siècle, elle est devenue un centre de

    commerce du coton de 300.000 habitants, qui s'étend déjà au delà

    de ses murailles, vers l'est et le sud.

     

     

    Photo ancienne shanghai

    carte ancienne shanghai

    Charles de Montigny et les débuts de la concession

     

     

    Le 20 janvier 1848, Charles de Montigny, récemment nommé agent consulaire, débarque à Shanghai.

     

    Quelques dizaines de commerçants anglais l'y ont précédé.

     

    La concession britannique a vu le jour en 1845, avec la signature des Land Regulations qui réglementent l'acquisition des terrains et immeubles : moyennant dédommagement versé aux propriétaires chinois, les étrangers pourront conclure des baux perpétuels.

     

     

     

     

     

    La Chine conservera un droit de propriété éminent, reconnu par le versement d'une taxe annuelle.

     

     

    A son arrivée, Charles de Montigny ne trouve guère de commerces à soutenir mais des missions catholiques dont il doit assurer la protection.

     

    La communauté française compte à peine une trentaine de personnes, parmi lesquels des jésuites, installés à Shanghai dès 1842.

     

     

    Esprit libre et audacieux, Montigny va prendre des initiatives pour fixer les conditions pratiques de résidence des Français. !!

     


     
     

     

     

     

    C'est à la demande de Dominique Rémi, horloger et commerçant en vins venu de Canton pour développer ses activités à Shanghai, que le consul négocie avec le magistrat chinois, le daotai, une concession officielle de terrain.

     

     

    Le 6 avril 1849, il obtient du daotai Lin Kouei une proclamation qui  fixe l'emplacement du territoire de résidence des Français.

     

     

    La concession est située au nord de la ville chinoise.

     

    Elle est limitée, à l'est par le Huangpu, au nord, par la concession britannique dont elle est séparée par un canal, le Yangjingbang.

     

     

     

    Ses dimensions (66 hectares) sont nettement plus modestes que celles de sa consœur anglaise (199 hectares).

     

     

    Pour les Français, cette proclamation, affichée sur les murs de la ville, sanctionne la reconnaissance officielle de leur droit de résidence et garantit leur sécurité. Pour l'autorité locale chinoise, l'attribution d'une concession est certainement conçue comme un moindre mal, le moyen d'isoler les " barbares " pour mieux les contrôler et éviter des frictions avec la population, génératrices de troubles de l'ordre public.

     

     

     

    Concession Française à Shanghai 1851 - 1853

     

     

     

    Le statut et l'organisation générale des concessions se modifie sous la contrainte des évènements.

     

     

    Le soulèvement des Taipings (1851-1864) plonge le pays dans la guerre civile. Fuyant les violences et les pillages, plus de 20.000 réfugiés des campagnes environnantes s'installent dans les zones initialement réservées aux étrangers.

     

     

     

    Leur présence rend nécessaire l'organisation de services administratifs appropriés et l'extension des limites de la concession.

     

     

    En 1854, alors que la bureaucratie locale chinoise a cessé de fonctionner, les consuls britannique, américain et français élaborent en commun des règlements municipaux qui donnent aux communautés étrangères représentées par l'assemblée des propriétaires fonciers le droit de s'auto-administrer.

     

     

     

    Elu par cette assemblée, le Shanghai Municipal Council fixe le montant des taxes imposées aux résidents, y compris chinois, pour financer les travaux d'urbanisme et entretenir une force de police indispensable au maintien de l'ordre.

     

    En 1861, le gouvernement français refuse de ratifier les nouveaux règlements municipaux et fait échouer le projet de concession unique :

     

    la concession française disposera d'un conseil municipal indépendant, placé sous l'autorité directe du consul, et donc du Quai d'Orsay.

     

    " La concession internationale (issue de la fusion, en 1863, des concessions américaine et anglaise) et la concession française se distinguent par leur philosophie politique et leurs pratiques gestionnaires, que la première emprunte au libéralisme britannique et la seconde à la tradition jacobine "

    (M.C. Bergère).

     

    Le gouvernement impérial perd donc de facto la possibilité de prélever des impôts sur les résidents chinois.

     

    Par ailleurs, l'institution en 1864 d'une cour mixte, où siège un représentant consulaire à côté d'un juge impérial, enlève au pouvoir impérial une part de ses pouvoirs juridictionnels.

     

    In fine, les concessions, où les Chinois sont désormais plus nombreux que les Occidentaux, sont devenues de véritables enclaves, qui échappent à un pouvoir impérial affaibli.

     

     

     

    Les relations entre le consul et le conseil municipal ne vont pas sans heurts.

     

    Le conseil s'élève contre la nomination des conseillers par le consul et réclame la haute main sur la police.

     

     

    Cette rivalité conduit à une crise ouverte et à la promulgation en 1866 d'un règlement qui, approuvé par le ministère des Affaires étrangères et périodiquement révisé,

    sert de charte à la concession française.

     

     

    Le conseil municipal est élu au suffrage censitaire, parmi les résidents français et occidentaux de la concession.

     

    Il est responsable devant le seul consul qui, en cas de conflit,

    a le droit de le dissoudre.

     

     

    SOURCES lien - 

    http://chine.in/guide/consulat-municipalite-francaise_1621.html

     

     

    Les notables chinois et la concession française

    L'absence de représentation chinoise est inscrite dans le règlement d'organisation municipale de 1866 : les Français et étrangers, sont en vertu de la lettre des traités, les seuls à résider dans la concession et donc les seuls électeurs. Or, très vite, les notables chinois, séduits par la tranquillité du lieu, souhaitent y habiter et y acquérir des terrains. Ne pouvant en droit accéder à la propriété du fonds (il doivent alors recourir à des prête-noms occidentaux), ils n'en sont pas moins assujettis au paiement des taxes et impôts. Leur absence du conseil municipal peut d'autant moins se justifier et une revendication se fait jour : Pas de taxation sans représentation.

    En 1914, les autorités françaises, qui viennent d'obtenir une extension de la concession, admettent, en contrepartie, le principe de la nomination de deux conseillers chinois. Mais ceux-ci ne siègent pas au conseil municipal et ne sont que très rarement appelés à donner leur avis. Après mai 1925, la question se pose avec plus d'acuité sous la pression des évènements politiques, et après l'annonce de l'octroi prochain d'une représentation chinoise au sein du conseil du settlement international.

     

    Le consul général Meyrier défend l'idée d'une association plus étroite des Chinois à la gestion des affaires municipales, avec l'arrière-pensée de les amener ainsi à désirer d'eux-même le maintien de l'administration française mais aussi de contrebalancer avec l'appui chinois l'influence grandissante au Conseil des autres occidentaux.

     

    Il laisse à son successeur, P.E. Naggiar, le soin de faire des deux conseillers en titre, Lu Baihong et Lu Songhou, des membres du Conseil municipal à part entière (avril 1926). Tout naturellement, c'est parmi les vieilles familles catholiques francophones, médiateurs traditionnels de la société chinoise et vecteurs de la culture française, que sont choisis les conseillers.

     

    Le premier d'entre eux, Lu Baihong, convoqué dès 1919, est présent au conseil jusqu'en 1937.

    Catholique fervent, très actif par ses oeuvres philanthropiques (il a contribué à la création, avec Nicolas Tsu (Zhu Zhiyao)de la branche shanghaienne d'une Union pour l'action catholique chinoise en 1912), c'est aussi un homme d'affaires prospère dans le transport maritime notamment. Parmi les autres conseillers, on trouve aussi un diplomate (Wu Zonglian, ancien ministre de Chine en Italie, entré au Conseil en 1927), un ancien membre de l'administration locale (Lu Songhou, ancien président de la municipalité de Nantao), un pédagogue (Zhu Yanzhi, co-directeur de l'Institut technique franco-chinois), un banquier (Wei Tingrong), directeur du Crédit franco-chinois et gendre du président de la chambre de commerce chinoise) .

    La question de l'ordre public - l'opium

     

     

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