• La FEMME SAMOURAI

     

    Les samouraïs ont existé durant plus d’un millénaire. Et il est beaucoup plus aisé de situer dans le temps, leur disparition que leur apparition. Voilà une brève leçon d’histoire : 

    Plusieurs hypothèses se confrontent quant à l’apparition des samouraïs. Selon toute vraisemblance, ils apparurent en 792, lorsque l’empereur Kammu abandonna le système guerrier qu’est la conscription. Il jugeait ce système inefficace face aux barbares d’Aïnous. Ainsi il créa une élite de guerriers.

    De 1600 à 1868, le clan Tokugawa régnait sur le Japon. Cette ère de shogunat est aussi considérée comme le véritable avènement de la classe des samouraïs. Durant cette période, des bateaux étrangers, dont certains étatsuniens, avaient déjà accosté le Japon.

      

    Mais en 1853, les Américains se montrèrent plus menaçants.

      

    Les Tokugawa, réalisant qu’ils ne pourraient sans doute pas faire face aux Américains comme ils l’avaient fait auparavant avec les Mongols, durent faire quelques concessions.

      

    Ces concessions furent une dure réalité pour certains clans de samouraïs. Il était déjà difficile pour eux d’être sous la coupe du clan Tokugawa, mais devoir céder devant les Américains en était trop pour eux. Ils souhaitaient la restauration de l’empereur.

      

    Trois clans s’opposèrent aux Tokugawa, si bien qu’en 1868 fut réinstauré l’empire :

    l’ère Meiji débuta.

     

    Ce fut la fin du shogunat tout autant que la fin des samouraïs.

     

      

    Le Bushido : la voie du guerrier

    Il est extrêmement difficile de résumer ce qu’était la philosophie du samouraï, tant elle est éloignée de la culture européenne. Il s’agit d’un mélange de religion, d’honneur, de philosophie confucéenne, d’histoire du Japon, bref, c’est toute une culture.

      

    Je vais me baser sur un livre très révélateur de l’esprit samouraï. Mais vous, pour vous en imprégner, regardez les « 7 samouraïs », « Zatoichi » ou même « le Dernier Samouraï », qui, quand on fait abstraction du côté Tom Cruise et Scientologie, est très fidèle à cette philosophie.

      

    Ce livre dont je vous parle, est « Hagakure », un précieux code de conduite et de moral écrit par un samouraï au début du XVIIème siècle.

     

      

      

    Le samouraï n’était pas un simple guerrier, il devait connaître la poésie, la musique, le théâtre… La culture est primordiale pour ce guerrier tout comme elle l’était pour les chevaliers en Occident.

      

    Aussi appelé le bushi (guerrier), il consacrait sa vie au service du shogun et était plus spécifiquement attaché à un daimyo (chef de fief han). Il n’a pas peur de la mort, mais la poursuit. Il doit effectuer sa mission jusqu’à perdre la vie, et même s’il ne l’achève pas, le fait de mourir préservera son honneur ; car son honneur ainsi que celui de sa famille, de sa caste et de son daimyo sont plus importants que sa propre vie. Si par lâcheté et par peur, il fuit la mission, il aura une chance de faire Seppuku pour garder son honneur.

      

    Faire Seppuku est ce qu’on appelle communément faire harakiri : le guerrier s’incise l’abdomen en forme de croix pour prouver son courage puis un homme lui tranche la tête afin d’abréger ses souffrances. La mort est ce qui construit le guerrier, le samouraï. Il doit être courageux, honorable et sage.

     

     

    Voilà un extrait du livre Hagakure :

    Quand le Seigneur Katsushige était jeune, le Seigneur Naoshige, son père, lui enseigna ceci :

    « Pour t’exercer à la coupe au sabre, va trancher la tête de quelques condamnés à mort ». Ainsi fut fait.

    La femme au temps des samouraïs

     

    La femme japonaise devait servir son époux et son mari.

      

    En l’an 1000, elle était relativement indépendante et cultivée. Il est vrai que de nombreux écrivains femmes se sont révélés à cette époque. Cependant, à partir du XVIIème, le pouvoir devenant militaire, la femme a perdu de l’importance. Les hommes avaient le droit de vie et de mort sur leur femme, et la polygamie n’était pas rare. C’est à cette date fatidique qu’est 1868 que les premiers mouvements féministes apparurent, réclamant leur droit à l’éducation. Le hic ? Elles furent instruites pour devenir de bonnes épouses.

     

    L’apparence de la femme était primordiale. Celles qui faisaient partie de la bourgeoisie préservaient le teint de leur peau. Celui-ci devait être pâle et pour ça, elles vivaient dans la semi obscurité, et utilisaient des Nakabukuro (sacs de coton contenant du son de riz humecté d’eau parfumée) ou un liquide issu des graines de jalap.

      

    Ce liquide était reconnu pour provoquer des empoisonnements mortels, mais elles ne cessèrent pas de l’utiliser.

      

    Elles apposaient un point rouge sur leur lèvre inférieure, s’épilaient partiellement ou complètement les sourcils. Leur chevelure devait être longue et parfaitement entretenue.

      

    Les plus riches, que la nature avait lésées, portaient des postiches.

     

     

    En résumé, la femme devait servir son époux et son père.

    S’occuper des enfants, de la maisonnée et savoir rester belle.

    La guerre et le combat étaient loin de leur être destinés.

     

     

    Onna-musha : la femme samouraï

     

      

      

    Cette femme portant l’armure, l’arc, le sabre et chevauchant un étalon se cabrant, c’est Tomoe Gozen. C’est la femme samouraï, l’Onna-Musha la plus connue de l’histoire du Japon. Bien sûr d’autres femmes guerrières ont existé, et nous les évoquerons par la suite, mais retraçons un peu l’histoire de celle-ci.

    Le vice-gouverneur de la province de Shinano recueillit en 1156 le jeune Minamoto no Yoshinaka. Ce jeune garçon de 2 ans venait de perdre ses parents à la guerre, et quelqu’un l’avait pris sous son aile : le vice-gouverneur. Un an plus tard, ce dernier eut une fille qui fut prénommée Tomoe.

      

    Minamoto grandit aux côtés de son frère adoptif Kanehira et épousa plus tard la jeune Tomoe. Celle-ci est décrite dans les livres comme ayant été une femme très belle et douée pour le combat. Si à l’époque beaucoup de femmes savaient pratiquer la Naginata (lame de sabre sur un manche de faux), Tomoe était réputée pour sa grande adresse.

      

    Elle était un samouraï de haut niveau : l’équitation, le tir à l’arc et le kenjutsu n’avaient pas de secret pour elle. Courageuse et ne connaissant pas la peur elle était très respectée par les hommes. Elle combattit aux côtés de son mari et était un de ses principaux et plus talentueux capitaines. Elle réussit à repousser les Tairas et alla jusqu’à kidnapper l’ancien empereur Go-Shirakawa.

      

    Une confrontation eut lieu, mais les troupes de son mari furent numériquement dépassées et se dernier mourut. Après la mort de Yoshinaka, elle épousa Wada Yoshimori avec qui elle eut un enfant. Cependant, il décéda lui aussi au cours d’un combat. C’est à partir de ce moment là que Tomoe partit et devint nonne. Elle aurait vécu jusqu’à l’âge de 90 ans.

     

     

      

      

    Tomoe Gozen est entrée dans la légende et aujourd’hui encore au Japon, son histoire est racontée. Son personnage est joué au théâtre de Nô, et lors des grands festivals annuels, une geisha défile sur son cheval blanc pour représenter la très fameuse Tomoe Gozen.

      

    Comme elle n’a pas été la seule femme samouraï, nous pouvons également citer la princesse de la province du Kai qui avait été entrainée très jeune à la naginata et au bujutsu. Alors que son père était parti au combat en 1590, et que des hommes tentaient d’investir le château, elle rassembla une armée de 300 paysans, femmes et vieillards et sut garder éloignée l’armée ennemie. Son père revint un mois plus tard, et c’est à cette période qu’elle épousa un grand général, et s’occupa de son fils même après la mort de ce dernier.

      

    Vers la fin de sa vie, elle partit et tout comme Tomoe Gozen, devint nonne.

     

    Nous pouvons enfin évoquer les deux jeunes orphelines recueillies par un maître en armes. Ce dernier les entraîna afin qu’elles puissent venger leur père tué par un bushi. C’est ce qu’elles firent. Par la suite, elles rejoignirent la révolte des ronins (samouraï sans maître) en 1651.

    Certes, les femmes samouraïs sont peu nombreuses, mais elles ont pu s’imposer en tant que guerrières. Cependant on peut se poser certaines questions : suivaient-elles le fameux bushido qui est le code d’honneur des samouraïs ? On savait que les femmes, que l’ont pourrait qualifier de traditionnelles, ne faisaient pas seppuku mais se tranchaient la jugulaire avec un poignard qu’elles portaient toujours sur elles.

      

    Une Onna-Musha devait-elle suivre les règles s’appliquant aux samouraïs ou aux femmes ? Le culte de l’apparence pouvait-il être aussi bien respecté par elles que par les femmes au foyer ?

     

     

    Mais voilà, la femme samouraï a existé et a réussi à s’imposer à un niveau égal à l’homme, à cette époque où elle était sensée vivre pour servir son père et son époux.

     

     

    Article de

    Sources - http://www.savemybrain.net/v2/2008/08/25/la-femme-samourai-08004598/

     

     

     

     

     

     

    « Alexandre YERSIN (1863-1943)Mémoires d’un Eunuque dans la Cité Interdite »

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