Auguste François
On doit à Auguste François (1857-1935) qui fut diplomate, explorateur et passionné de photographie, des images exceptionnelles : scènes de rue, de travail, portraits, paysages, qui figurent parmi les premiers témoignages photographiques en provenance du Paraguay,
d’Extrême-Orient et surtout de Chine.
Après des études de droit, Auguste François (1857-1935) débute une carrière diplomatique qui le mène au Ministère de l’Intérieur puis au Ministère des Affaires étrangères. En 1886, il se porte volontaire pour accompagner le physiologiste et homme politique Paul Bert au Tonkin.

Dès lors, les allers retours en Chine (entre autres pays) se succèdent. Devenu consul général de France, il est également nommé Délégué à la Commission du chemin de fer du Yunnan afin d’être en charge de l’organisation des négociations avec les autorités chinoises en vue de créer la ligne Laokay-Yunnanfu, reliant le sud de la Chine au nord de l’Indochine.

Entre 1896 et 1904, il parcourt le sud de la Chine (Yunnan, Guangxi, Sichuan) et le Tibet Oriental, en passant par une descente
complète du fleuve Yangtze.

Il laisse à son actif plus d’une centaine de photographies captant des moments de vie tant des chinois que des expatriés, des paysages grandioses, interrogeant les coutumes et la graduelle modernisation d’une Chine encore principalement traditionnelle.
Je ne m’en lasse pas.
Monsieur le Consul Auguste François a toujours un bon mot à l’attention de ses amis.
Le 13 avril 1900, il est question de cigare, un cigare qu’on traite d’une drôle de manière, un cigare qui lui sert d’embarcation.
Lettre d’Auguste François à Jean-Baptiste Beau,
Wou-Tchéou-Fou, 2 janvier 1899

Voici un personnage hors du commun.
Auguste François, né à Lunéville en 1857, est devenu consul un peu par hasard après avoir été résident de France au Tonkin.
Son expérience la plus significative, il l’a vécue en Chine sous la dynastie Qing, dans les xian de Guangxi et du Yunnan.

La majorité de ses archives photographiques sont aujourd’hui conservées au Musée Guimet (Paris).
Un train pour le Yunnan ou les tribulations de deux Français en Chine

Auguste François réside à Yunnanfu de 1899 à 1904.
Rebaptisée Kunming en 1913, la ville fut fondée sous les Hans (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.). Les murs d'enceinte furent construits sous la dynastie Ming (1368-1644). La ville comptait 50.000 habitants intramuros à l'époque d'Auguste François. Sa population actuelle dépasse six millions et demi d'habitants.
© Auguste François

La Chine connait, en cette fin de siècle, une époque troublée.

Portrait of a father wearing an official Qing Dynasty robe and holding his daughter

Golden Temple Park in 1901.
The temple itself is actually made with incredible amounts of bronze—over 200 metric tons (221 short tons). It's an active Taoist temple, and is a destination for both worshipers and tourists.

View of Zhong Ai Square (忠爱坊), whose name comes from a literary work by Yunnan's famous calligrapher Sun Qingyan (孙清彦).

Auguste François (1857-1935), ministre plénipotentiaire, photographe passionné, a réalisé des milliers de clichés en Chine.

On doit à Auguste François (1857-1935) qui fut diplomate, explorateur et passionné de photographie, des images exceptionnelles :
scènes de rue, de travail, portraits, paysages, qui figurent parmi les premiers témoignages photographiques en provenance du Paraguay, d’Extrême-Orient et surtout de Chine.
Le personnage d’Auguste François à lui tout seul mérite d’être présenté : consul intransigeant, cartographe improvisé, homme d'action, épistolier de talent, c’est une figure et un destin empreints de romanesque que l’exposition nous donne envie de mieux connaître.
Si on a pu voir en lui une sorte de misanthrope, ses photographies relèvent quant à elles d'un regard curieux et attentif à toutes les manifestations de l'activité humaine.
172 tunnels ont été percés et 3422 ponts construits.
Au final, 3.628 ouvrages ont été réalisés : viaducs, remblais, aqueducs, murs de soutènement…
© DR

Elle a subi les deux Guerres de l'Opium
(1839-1842 et 1858-1860) qui se sont conclues par les Traités Inégaux imposant l'ouverture de onze ports au commerce et une présence étrangère importante.
Taken in 1900, photo shows the arhat in Qiongzhu Temple. The temple's most outstanding artistic (and perhaps spiritual) feature is the distinguished, finely crafted statues of the 500 Luohans (Buddhist Arhats, or 'enlightened ones') sculpted by the brilliant artist, Li Guangxiu.

Les deux ouvertures de part et d'autre du pont sur arbalétriers
au kilomètre 111
Ce pont métallique en arc à trois articulations est une première dans le monde entier. Il enjambe une gorge de 102 mètres au-dessus d'un affluent de la Nanxi.

Jinma Memorial Archway which has been a landmark in Kunming
Obligé de rentrer en France en mai 1908, Georges-Auguste Marbotte ne vit pas la fin de ce chef d’œuvre.
© Georges-Auguste Marbotte

Auguste François, né à Lunéville en 1857, est devenu consul un peu par hasard après avoir été résident de France au Tonkin.
Son expérience la plus significative, il l’a vécue en Chine
sous la dynastie Qing, dans les xian de Guangxi et du Yunnan.
Il en rapportera un matériel volumineux, entre photographies et écrits, il tournera même quelques petits films qu’on considère comme étant les premiers témoignages filmés en Chine.
Il existe une association (AAF) chez qui on peut trouver quelques renseignements mais la quasi-totalité de ses photos et de ses carnets sont aujourd’hui conservés au Musée Guimet ou au Musée du Quai Branly, donc inaccessibles au profane.
Ce qui m’a tout de suite interpellé chez cet homme, c’est ces yeux clairs, perçants, ce regard, à la fois froid et espiègle, un tantinet frondeur, et une désinvolture raffinée, fusil à peine retenu dans un main, l’autre dans la poche.
Et il sourit alors qu’il vient de sauver ses camarades du massacre.
A cette apparence, on ne peut se dire que l’homme est un drôle, qu’il va nous entraîner sur les pentes scabreuses du calembour et du bon mot.
Les lettres qu’il écrit à son ami Jean-Baptiste Beau en sont un bel exemple.
Lettre d’Auguste François à Jean-Baptiste Beau, Wou-Tchéou-Fou, 2 janvier 1899
Mon cher ami,
En consultant mon calendrier ce matin, j’ai appris que nous étions au 9e jour de la 12e lune; j’ai vu ensuite que le jour était propice pour se raser la tête et coudre des habits, mais déplorable pour se couper les ongles des mains et des pieds, qu’on pouvait sans crainte construire sa maison et même y disposer la poutre maîtresse de sa toiture, mais qu’il ne fallait pas ce jour-là remonter sa pendule, ni consulter les esprits, ni manger du chien. Par contre, c’est un jour fameux pour prendre un bain et pour écrire à ses amis. Ainsi instruit de ce que je peux entreprendre dans cette 9ejournée de la 12e lune, je me suis dit : « Tu vas prendre un tube sérieux et puis tu écriras à cet animal de Beau, sans crainte de l’indisposer ou de l’ennuyer. »
Si j’avais toujours consulté mon calendrier, j’aurais choisi les jours propices et j’aurais connu les moments opportuns pour dire que Gérard est une canaille, car bien évidemment c’est indiqué dans mon almanach.
Or voyez comme cela se trouve, que ce 9e jour de la 12e lune coïncidait avec le 1erjanvier et en même temps, en suivant ma route sur ma carte, j’arrivais au dernier trait de carmin, c’est-à-dire le premier que je traçais l’an dernier en quittant Wou-Tchéou-Fou ; et en effet, le sifflement des vapeurs me confirmait que j’étais rendu dans ce port ouvert où je voudrais voir élever une statue à Gérard. La matière pour la couler ne manque pas ici et il aurait là une statue odorante et bien appropriée.
Donc, mon cher ami, puisque nous renouvelons l’année,
« Kong-Chi, Kong-Chi ». C’est du chinois.
N’allez pas vous méprendre sur le sens de ces deux vocables.
Ce n’est pas une injonction que je vous adresse, mais des compliments et des souhaits que je forme pour votre santé.
Il en est donc qui s’appliquent au bon fonctionnement de vos intestins mais enfin, vous me connaissez trop pour penser que je les formulerai d’une manière aussi crue.
in Aventuriers du monde,
éditions L’iconoclaste, 2013
sources /
http://theswedishparrot.com/les-lettres-de-monsieur-le-consul-ont-toujours-le-teint-frais-et-le-verbe-haut-1/

Cette situation a fait naître de violentes réactions contre les puissances étrangères (différentes révoltes populaires dont celle des Boxers en 1900), qu’Auguste François a eu à affronter durant son mandat.

Extrême Orient Anam – anonyme – groupe d’enfants – ca 1890 (coll JCB)
View of Jinma Gate. Note the telegraph pole standing in front of the archway, showing Kunming attempting to enter the modern age.
Investi d’une mission diplomatique, Auguste François est aussi un observateur attentif du monde qui l’entoure.

Dignitaries welcoming the newly appointed Qing Dynasty governor-general of Yunnan.
Ces remarquables photographies reflètent son intérêt pour les populations qu’il côtoie, sa curiosité sans jugement pour les coutumes et modes de vie autochtones.

Photos from the collection of Auguste François (1857-1935), who served as French consul in south China between 1896 and 1904, during which he spent several years in Kunming. The photos have been provided by Kunming resident and private collector Yin Xiaojun (殷晓俊). GoKunming thanks Yin Xiaojun for providing us a glimpse of Yunnan at the beginning of the 20th Century.
Year: 1902
A une époque où peu de voyageurs se hasardent à l’intérieur des terres, Auguste François, en véritable aventurier et ethnologue, photographie des cérémonies, des scènes de vie, des costumes et des événements dramatiques ….


Ses clichés nous montrent une face ignorée de la Chine d'alors, découverte loin des sentiers battus, et sont le reflet de son émotion humaine et esthétique devant des paysages grandioses et des hommes, si différents de lui.

Le personnage d’Auguste François à lui tout seul mérite d’être présenté : consul intransigeant, cartographe improvisé, homme d'action, épistolier de talent, c’est une figure et un destin empreints de romanesque que l’exposition nous donne envie de mieux connaître.

1 Un diplomate-reporter : la Chine au quotidien
Auguste François a observé les scènes caractéristiques de la vie quotidienne chinoise : les rues, les travaux agricoles, les petits métiers.

Les photographies et a fortiori les films rapportés de ses missions dans l'Empire du milieu par le diplomaté lunévillois Auguste François sont d'une valeur inestimable.

Auguste François : diplomate-éthnologue
D'abord envoyé au Tonkin en 1896-97 Auguste François va ensuite passer 8 ans en Chine où il va négocier la concession du chemin de fer du Yunan.

Portrait of a solemn mother, with what appear to be bound feet, holding her infant son.
Celui que l'on va surnommer le Mandarin blanc est passionné par un art naissant : la photographie. Il va réaliser des milliers de clichés d'une Chine encore très loin de toute influence occidentale.
Les remarquables photographies du consul Auguste François sont un témoignage rare sur les coutumes et modes de vie chinois à l’aube du XX° siècle, alors que la Chine connait une époque troublée.
Diverses guerres l’ont privée de territoires et ont affaibli sa souveraineté nationale, l’obligeant à s’ouvrir aux puissances coloniales étrangères et suscitant ainsi de violentes réactions xénophobes (différentes révoltes populaires dont celle des Boxers en 1900).

A une époque où peu de voyageurs se hasardent à l’intérieur des terres, Auguste François, en véritable aventurier et ethnologue, photographie sans se lasser cérémonies, scènes de vie, costumes, et événements….
Ses photographies reflètent son intérêt pour les populations qu’il côtoie, sa curiosité sans jugement pour les coutumes et modes de vie autochtones.
Elles manifestent une volonté de faire partager un réel amour d’une Chine proche et lointaine, source de réflexion.

Le plus souvent, en s'intéressant à des sujets en apparence d'une grande banalité, il révèle leur beauté étonnante !!
Imaginez que seulement 6 ans après l'apparition du cinématographe, il va réaliser des petits films au Yunan qui sont des "exclusivités" extraordinaires puisqu'à l'époque, les Chinois n'avaient pas d'appareils photos et encore moins de caméras.

2 Un diplomate-ethnologue :
La Province du Yunnan, où Auguste François exerce l'essentiel de son activité diplomatique, compte une grande diversité de populations (25 « minorités »). Il y trouve donc naturellement beaucoup de sujets originaux de photographies d'individus, ou de groupes.


3 Paysages
Deux types de paysages sont particulièrement représentés dans les photos
d’Auguste François : l'élément minéral, (au Yunnan, en particulier, bordés par le Tibet, avec des reliefs impressionnants) et l'élément aquatique.

4 Voyages, explorations, excursions
Auguste François a été amené à effectuer de nombreux voyages : d'abord pour rallier ses postes excentrés aux confins de l'Empire, puis pour remplir ses fonctions de Consul.
Il a également mené des explorations pour compléter les informations cartographiques lacunaires dont disposaient les Français.

Les photographies de cette section permettent de saisir les conditions de voyage à cette époque.

5 Diplomate : portrait d'un consul de terrain
Quand le Ministère des Affaires Etrangères nomme Auguste François Consul Général Honoraire Délégué au Chemin de Fer à Yunnanfu, sa tâche est d'organiser avec les autorités chinoises les négociations en vue de créer la ligne Laokay-Yunnanfu.

Occupant un poste excentré, aux contours politiques mal définis, ce consul de terrain doit faire preuve d'une capacité d'adaptation de tous les instants et a agi en éclaireur de la diplomatie franco-chinoise.
Au tournant du siècle, la Chine subit des pertes territoriales conséquentes après la Guerre sino-japonaise.
Période émaillée de multiples séditions xénophobes, dont la plus célèbre est la révolte dite « des Boxers » qui éclate en Mai 1900 et conduit au siège de Pékin (les « 55 jours de Pékin »)

Au Yunnan, des mouvements similaires se propagent également et Auguste François doit faire face à plusieurs sièges.

Les autorités Chinoises sanctionnent durement les meneurs de la révolte : ils seront décapités et leurs têtes exposées à la vue de tous.

La France voulait affirmer sa présence économique et géopolitique en construisant une voie de chemin de fer reliant l'Indochine française (Vietnam actuel) à la Chine pour contrer l'influence britannique.

Ce grand projet posa des défis multiples : obstacles montagneux colossaux, difficulté d'acheminement des matériaux, conditions de travail extrêmes pour les ouvriers, choc culturel pour les traditions de la population locale.

Le chemin de fer du Yunnan reste symbolique des relations diplomatiques France-Chine tissées il y a plus d'un siècle. Il traverse des paysages exceptionnels.
Une prise de conscience de ce que représente ce patrimoine a conduit à proposer le classement de la ligne de Chemin de Fer Yunnan-Vietnam au patrimoine mondial de l'UNESCO lors du forum de Kunming de Mars 2013.

Si on a pu voir en lui une sorte de misanthrope, ses photographies relèvent quant à elles d'un regard curieux et attentif à toutes les manifestations de l'activité humaine.